Florent Peschisolido
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La beauté, si elle n’est pas esthétique (ou en tout cas si elle va au-delà), pourrait-elle être technique ? C'est une réponse qui semble évidente pour nous autres sartorialistes. Après tout, la plupart d’entre nous est arrivée ici en cherchant un vêtement « de qualité », et non pas forcément beau. Depuis plus de 15 ans, je parcours la France, l'Italie et l'Angleterre, à la rencontre des plus grands artisans de notre époque, des gens qui ont voué leur vie entière à leur art, quitte à y sacrifier énormément de confort de vie pour atteindre l'excellence technique. Avez-vous déjà observé de près une chemise réalisée (en partie) à la main ?
Cette spécialité historiquement transalpine (voire napolitaine), qui donne une âme si caractéristique à ce vêtement en apparence si simple. Grâce à quelques points, les boutonnières, l’épaule rabattue main, les travetti… Bien sûr, très peu de clients vont prendre le temps de regarder l'arrière du revers de leur veste pour pouvoir admirer tous les points réalisés à la main qui se révèlent discrètement, ces dizaines, ces centaines de points qu'un tailleur aura mis des heures à réaliser. Et que dire du roulottage main d'une cravate ou d'une pochette ? Celui qui n'a jamais vu un bottier réaliser une couture petit point et reconnu toute la force et la technicité nécessaires pour réunir ces deux parties de cuir l'une à l'autre, peut-il réellement savoir ce qu’est une belle chaussure ? Tous ces détails que seul un observateur averti, peut (re)connaître, sont magnifiques, au-delà de toute considération esthétique.
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Retrouvez cet article dans son intégralité dans L'Intemporel N°1 Printemps 2024